13 septembre 2018

Let's Read Together #6


Mboté mes bénés!

J'espère que vous allez bien je vous retrouve aujourd'hui pour un nouvel article et ce sera notre 6ème Let's read Together.

Pour ce nouvel article je voulais partager avec vous une fiche de lecture sur un classique de la littérature africaine, l'enfant noir du feu écrivain Guinéen Camara Laye. 
C'est un de mes livres préférés, je l'ai lue plusieurs fois étant petite car il est court et très simple à lire je le conseille à ceux qui ont des enfants ou des petites frères et sœurs c'est un très bon roman initiatique, à lire et faire lire au plus petits.
Je l'ai relue récemment et voici la petite fiche qui en découle. 

Voici le résumé inscrit au dos du livre:
"L'enfant noir grandit dans un village de Haute-Guinée où le merveilleux côtoie quotidiennement la réalité. Son père, forgeron, travaille l'or au rythme de la harpe des griots et des incantations aux génies du feu et du vent. Respectée de tous, sa mère jouit de mystérieux pouvoirs sur les êtres et les choses. Elle sait détourner les sortilèges et tenir à l'écart les crocodiles du fleuve Niger.
Aîné de la famille, le petit garçon est destiné à prendre la relève de son père à l'atelier et, surtout, à perpétuer l'esprit de sa caste au sein du village.
Mais son puissant désir d'apprendre l'entraînera inéluctablement vers d'autres horizons, loin des traditions et des coutumes de son peuple.

Un petit mot sur l'auteur:
Camara Laye est née à Kouroussa un village de Haute-Guinée en 1928, après des études à l'école Française il poursuit sa scolarité à Conakry, où il obtient un CAP de mécanicien. Il tente sans succès de devenir ingénieur en France.
Il publie l'enfant noir en 1953 et un an plus tard, le regard du roi. En 1956 il retourne à Conakry, où il occupe des fonctions importantes au ministère de l'information avant de s'exiler définitivement au Sénégal devant les dérives du régime de Sékou Touré qu'il dénoncera en 1966 dans "Dramouss" son dernier roman.
Il meurt à Dakar en 1980.


Mon humble avis sur l’œuvre:

L'enfant noir est une œuvre qui me rend pensive et me fait réfléchir à un temps passé, oublié que je n'ai pas connu si proche mais si loin en même temps une période charnière dans l'histoire géopolitique du continent, ces périodes coloniales, où la simplicité de nos villages se heurtent déjà aux agglomérations, aux mentalités amenés par les colons c'est ce basculement progressifs de nos sociétés qui est très justement raconté ici sans fioritures.
Dans ce livre Camara Laye raconte son enfance dans son village de haute guinée, c'est un récit profondément ancré dans la réalité, les réalités sociales, traditionnelles tout emprunt de simplicité, c'est simple à lire, simple à comprendre.
Aujourd'hui je milite pour l'instruction j'aimerais que tous les enfants puissent avoir accès à l'éducation à l'école.
Cette école joue un rôle central dans la vie du petit Laye c'est à cause d'elle où grâce à elle selon notre sensibilité au récit que le petit Laye va quitter son village de Haute Guinée et s'envoler d'abord vers la ville Conakry.
Ce voyage sera la première rupture dans cette vie de jeune enfant noir, de jeune africain une rupture avec le monde rural le monde urbain motivé par la nécessité d'acquérir de plus amples connaissances un meilleur enseignement.
Puis la deuxième rupture nous montre de nouveau les limites si ce n'est les aberrations du système colonial qui ont été incapables de fournir ne serait qu'un enseignement secondaire et supérieur de qualité aux "indigènes".
Le jeune Laye à donc dût quitter Conakry pour s'envoler vers Dakar puis vers la métropole coloniale, la France pour approfondir une fois de plus ses connaissances.
Mais ce qui me touche également dans ce récit est la mise en avant de connaissances autres que celles  apprises à l'école française.
L'école de la vie l'école qui est tout adulte en l’occurrence ses parents pour le jeune Laye, et les aînés qui lui fournissent tout un ensemble de connaissance que l'école française ne vient ni seconder ni compléter mais juste s'ajouter à ce qui était déjà planté et j'ai trouvé çà cohérent et justement décrit et vient mettre un terme à toutes les inepties coloniales illustrant une race africaine ne connaissant rien et ayant attendu l'occident pour être éclairé par le savoir.

Les phrases qui m'ont marquées:

P.176
Lorsque la mère de Laye apprend que celui-ci doit poursuivre ses études en France

"-Que me voulez-vous? dit-elle. Vous voyez bien que je suis occupée!
Et elle accéléra la cadence du pilon.
Ne va pas si vite, dit mon père. Tu te fatigues.
Tu ne vas pas m'apprendre à piler le mil? dit-elle.
Et puis soudain elle reprit avec force:
Si c'est pour le départ du petit en France, inutile de m'en parler, c'est non!
Justement dit mon père. Tu parles sans savoir: Tu ne sais pas ce qu'un tel départ représente pour lui.
Je n'ai pas envie de le savoir! dit-elle.
Et brusquement elle lâcha le pilon et fit un pas vers nous.
N'aurais-je donc jamais la paix? dit-elle. Hier, c'était une école à Conakry; aujourd'hui c'est une école en France; demain...Mais que sera-ce demain?
C'est chaque jour une lubie nouvelle pour me priver de mon fils!..;Ne te rappelles-tu déjà plus comme le petit a été malade à Conakry? mais toi, cela ne te suffit pas: Il faut à présent que tu l'envoies en France! Es-tu fou où veut-tu me faire devenir folle? Mais sûrement je finirais par devenir folle!..
Et toi dit-elle en s'adressant à moi, tu n'es qu'un ingrat! Tous les prétextes te sont bons pour fuir ta mère! Seulement, cette fois, cela ne va plus se passer comme tu l'imagines: Tu resteras ici! Ta place est ici!...Mais à quoi pensent-ils dans ton école? Est-ce qu'ils se figurent que je vais vivre ma vie entière loin de mon fils? Mourir loin de mon fils? Ils n'ont donc pas de mère, ces gens-là. Mais naturellement ils n'en ont pas: Ils ne seraient pas partis si loin de chez eux s'ils en avaient une!
[...]
Mais à présent elle savait que je partirais et qu'elle ne pourrait pas empêcher mon départ, que rien ne pourrait l'empêcher; sans doute l'avait-elle compris dès que nous étions venus à elle: oui, elle avait dût voir cet engrenage qui, de l'école de Kouroussa, conduisait à Conakry et aboutissait à la France; et durant tout le temps qu'elle avait parlé et qu'elle avait lutté, elle avait dût regarder tourner l'engrenage: cette roue-ci et cette roue-là d'abord, et puis cette troisième, et puis d’autres roues encore, beaucoup d'autres roues peut-être que personne ne voyait. Et qu'eût-on fait pour empêcher cet engrenage de tourner. On ne pouvait que le regarder tourner, regarder le destin tourner: Mon destin étais que je parte!"

Ce passage illustre pleinement ce que j'ai décrit durant mon explication du livre, dans le désaroi de cette mère est illustré toute la souffrance initiée par les engrenages de l'éducation coloniale, cet arrachage au village, à la ville au pays d'origine, vers la métropole coloniale et au final on le sait bon nombres d'étudiants du continent son partis étudier à paris à Londres, à Lisbonne. Bon nombres d'entre eux sont rentrés et ont participé et largement contribué si ce n'est permit les mouvements d'indépendances, au prix au préalables de souffrances et de déchirement familiaux comme celui du jeune Laye.
C'est tout un pan de cette histoire là aussi qui est brillamment racontée dans ce livre, qui est un véritable récit initiatique.

Si cette fiche vous a donner envie de vous le procurer il est disponible
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Bisous sucrés.
Love, Euloria