20 juin 2017

Bantutalk: Un devoir de Conscience



Mboté mes bénés.
J'espère que tout va bien pour vous.
Cela fait un moment que je ne poste rien et je m'en excuse, en plus cet article ne sera pas sur les thématiques mode ou beauté.
C'est un Bantutalk très personnel, qui est le fruit d'une accumulation d'évènements m'ayant conduite à dresser mon état de conscience et je tenais à partager cela avec le plus grand nombre.

"Ce qui m'effraie ce n'est pas l'oppression des méchants mais le silence des bons".

Cette citation de Martin Luther King à très souvent fait écho en moi, dans une société où l'indifférence est monnaie courante, les bons d'aujourd'hui ferment souvent l'œil, le bon c'est toi cher lecteur, c'est moi, c'est lui, c'est nous, le bon c'est n'importe qui ayant dans son cœur une once d'humanité.
Et souvent dans le confort de son quotidien le bon ignore le malheur des autres, l'ignore ostensiblement, ou simplement par manque de courage, car il est connu que pour être à l'abri des ennuis il vaut mieux ne pas se mêler des ennuis des autres.
Et dans cette zone de confort se développe l'indifférence, froide, le mépris à l'état brut et c'est dans l'indifférence des hommes que les crimes les plus abjects se produisent causant le plus de victimes et de séquelles dans une société qui à remplacée les réelles valeurs humaines (solidarité, empathie, vivre ensemble) par de l'indifférence.

Comme vous le savez je suis originaire du Congo, je suis née au Congo Brazzaville et je suis arrivée en France en 2002 a l'âge de 5 ans.
Si vous lisez mes articles depuis longtemps je pense que vous savez aussi que j'aime mettre la culture congolaise à l'honneur que ce soit la musique, les spécialités culinaires ou les traditions car cette culture millénaire est immensément riche et ne cesse pas de m'étonner j'en apprends chaque jour un peu plus et c'est une joie de partager cela avec le monde et faire taire certains préjugés qui touchent tous ce qui attrait au continent africain.

Maintenant comme il est dit dans la bible et plus particulièrement dans l'Ecclésiaste 3:4 "il y a un temps pour pleurer et un temps pour rire, un temps pour se lamenter et un temps pour danser, un temps pour lancer des pierres et un temps pour ramasser des pierres; un temps pour embrasser, et un temps pour s'éloigner des embrassements".

Si je dit cela c'est que j'aime célébrer la beauté du Kongo le grand Kongo avec un grand "K", mais il y a un temps pour tout et parfois l'indifférence peut nous faire honte et plus le temps passe, plus j'ai honte de ce silence devant ce qui se passe sur la terre de mes ancêtres, car ma conscience m'interpelle, je ne suis pas une bloggeuse célèbre je fait mon bout de chemin j'écris quand cela me chante et ce n'est pas le cœur de mon existence.
Cependant j'aime informer les autres quand je le peux car je hait le mensonge et si faible peut être la portée de cet article je serais heureuse qu'il puisse toucher le cœur de ce qui le liront parce-que c'est mes tripes qui sortent dans ses lignes.

Si j'écris cet article c'est parce qu'en tant que citoyenne du monde je porte une responsabilité comme les 7 milliards d'habitants de la minuscule planète bleue.
 L'Abbé Pierre à dit un jour "la responsabilité de chacun implique deux actes: vouloir savoir et oser dire" c'est remarquable car cela illustre ce que j'appelle la responsabilité humaine primitive, une sorte d'action publique qui repose sur les épaules de tout un chacun simplement par le fait d'appartenir à l'Humanité.

Et ce que je dénonce aujourd'hui dans ce pamphlet, c'est cette barbarie qui se déchaîne dans la région du Pool au Congo Brazzaville, la région dont je suis originaire.

La capitale politique de la République du Congo (Brazzaville) se trouve dans la région du Pool
Cela fait plus d'un an maintenant qu'une crise humanitaire sévit au Congo-Brazzaville et plus particulièrement dans la région du Pool qui était le poumon, le cœur, le cerveau du pays et se retrouve aujourd'hui laminée, pillée, dévastée de fond en comble et cela va de mal en pis.
Les populations sont massacrées, quand elles n'arrivent pas à se déplacer à temps, les enfants sont déscolarisés, souffrent de malnutrition car l'agriculture est aujourd'hui en berne, le cours des prix des aliments est monté en flèche dût à cette défaillance agricole.
La terre peut bien être fertile mais si les bras qui la cultivent n'y sont plus, qui va semer, qui va récolter mère nature aussi à besoin d'un coup de pouce.
Les maladies mortelles par manque d'hygiène se développent et le terreau et l'engrais sont remplacés par le sang et la chair en putréfaction des habitants décimés.
Mais qu'ont-ils fait ces hommes, ces femmes, ces enfants, ces vieillards et ces bambins qu'ont-ils fait pour voir s'abattre sur eux une telle tragédie, pour récolter les signaux de l'apocalypse: famine, terreur, solitude et mort.

Je te le dit cher lecteur le seul tort de ces populations est d'appartenir à certaines ethnies, ou plus particulièrement à la grande famille des KONGOS, les BAKONGOS groupe ethnolinguistique dont je suis issue en tant que Lari.
Les Kongos dont le foyer historique d'implantation se trouve dans le sud du pays et plus particulièrement dans cette région malmenée du Pool, est-ce une malheureuse coincidence...et bien non.
Le génocide est défini comme un crime qui consiste à l'élimination physique, intentionnelle, totale ou partielle d'un groupe national ethnique ou religieux.
Or on assiste ici à un massacre prémédité basé sur l'ethnie des populations du Pool, le syllogisme est tout trouvé ici on assiste bel et bien à un génocide orchestré contre des individus clairement identifiés.

L'ethnocentrisme est un mal qui gangrène la République du Congo depuis très longtemps.
La République du Congo comme plusieurs pays d'Afrique et comme une multitude de pays dans le monde est composé de plusieurs ethnies.
Ethnie du grec ancien "ethnos" désignant le peuple.
Le sociologue Max Weber a définit l'ethnie comme un groupe social de personnes qui s'identifient entre elles sur la base d'une ascendance commune, d'une histoire commune, d'une culture commune ou d'un vécu commun.
L'ethnie se distingue du concept de race.
Tandis que les théories de la Race repose uniquement sur des critères biologiques, dérivant toujours vers une forme absolue de racisme.
L'ethnie s'appuie davantage sur des critères culturels, linguistiques, historiques n'omettant bien sur pas les aspects biologiques.
Mais de par ces critères se définit une ethnicité rendant reconnaissable et différenciable de manière plus ou moins subtile les membres d'une ethnie.

Comme le concept de race le concept d'ethnie à ses dérives l'ethnocentrisme.
L'ethnocentrisme qui pousse les individus à voir le monde à travers l'unique reflet des intérêts ethniques et des idées véhiculées par leur communauté d'origine.
A son paroxysme l'ethnocentrisme conduit à considérer son ethnie d'appartenance comme supérieure à celle des autres et par ce biais à édifier, véhiculer où du moins croire des préjugés sur les membres d'autres ethnies.
A son paroxysme encore l'ethnocentrisme peut conduire à de véritables crises ethniques comme celle ayant eu lieu au Rwanda en 1994, un génocide.
L'ethnie dominante peut ainsi à sa guise adopter une politique de "nettoyage ethnique" et cet aspect politique de l'ethnie a été très bien mis en lumière par Guy Aundu Matsanza dans son ouvrage de science-politique "Etats et partis au Congo Kinshasa".

Comme vous l'aurez compris chers lecteurs cet ethnocentrisme est en train de franchir le Rubicon en République du Congo, c'est l'aller sans retour vers la barbarie qui est en marche et détruit déjà des vies qui n'ont rien demandées.
C'est insupportable d'entendre les nouvelles de ce qui se passe et d'être là dans le confort de son logis à boire un jus de fruit, manger à sa faim alors que chaque jour des femmes et des enfants meurent et pas seulement au Congo, partout ailleurs.

Mais je l'ai dit en amorce l'indifférence est la maladie de l'homme et tant que cela ne nous touche pas ont est indifférent au malheur des autres, hier j'étais aveugle et aujourd'hui cela me touche et cela me fait mal dans ma chair.
Je ne vaut pas mieux qu'un autre, car au fond j'ignore tout des douleurs des autres, je ne vois encore que la mienne, qu'il est dur de se projeter au-delà du petit bout de son nez et ce crève-cœur personnel, ne peut-être imposé à tous, encore à moins à ceux qui ne connaissent rien à ce qui se passe au Congo-Brazzaville, et encore moins à ceux qui ont d'autres souffrances, car nul n'a le monopole de la souffrance et toute vie compte et mérite d'être pleurée et honorée.
la souffrance n'est ni comparable, ni mesurable, elle est là.

C'est pour cela que je ne mentionne pas de bourreaux particuliers ils se reconnaîtront si ils ne souffrent pas et c'est pour cela que je ne vient pas demander le recueillement général de mes adorables lecteurs...loin de moi cette idée imposante et inconvenante.
Je souhaite juste profondément que ceux qui souffrent comme moi de cette situation et plus largement encore les êtres humains qui passent par là ouvrent les yeux sur cette catastrophe et toutes les autres catastrophes passées trop souvent sous silence qui se produisent sans que personne ne sache réellement ce qui se passe pourtant nous sommes au 21ème siècle, à l'ère du numérique où l'information superflue va plus vite que la lumière elle court, elle court la rumeur, mais la vraie information importante parfois ne se sait pas et reste tapie dans l'ombre et se meurt dans l'ombre sans un bruit c'est un peuple qui se meurt.

Et quand on est un être humain, il est de ces choses dont il faut témoigner.
Nul besoin de faire des choses au delà de nos capacités.
D'entreprendre des choses colossales pour faire saisir l'information et se décourager sans même arriver à en parler à son voisin, non.
Qui essaye le plus sans y parvenir, peut déjà le moins.
Parler des morts, raconter le drame de leurs disparitions c'est déjà ne pas les oublier et c'est déjà lutter car celui qui accepte le mal sans lutter contre lui coopère avec lui.

Chers amis endossez vos responsabilités, car la roue tourne.

Bisous mes bénés cette fois-ci nous ne nous séparerons pas en musique  je vais vous laisser avec le lien d'un reportage audio de RFI sur la situation dans la région du Pool.

http://www.rfi.fr/emission/20170525-congo-brazzaville-pool-crise-enlise-humanitaire-deplaces-fidh

Bisous sucrés, Love, Euloria.